En 1997, FSF, une ONG active en Afrique et en Amérique du Sud, m'a chargé de la mission d'illustrer le travail d'alphabétisation et de préscolarisation que réalisent des volontaires, Claire et Daniel, chez les Pygmées Baka au Caméroun et Nathalie et François, chez les Bezelé du Centrafrique.
On pourrait légitimement se demander pourquoi alphabétiser ces gens qui vivent en parfaite harmonie avec la forêt, qui s'en nourrissent et dont la culture orale est parfaitement adaptée au mode de vie. La réponse est simple: à cause de nous.
Nous, la culture occidentale. Nous, les consommateurs de bois exotiques aux précieuses propriétés. Nous les utilisateurs et parfois gaspilleurs de contreplaqué. Nous les consommateurs et les exploitant de richesses minières.
Nous envahissons leur habitat. Pour abattre quelques grands arbres, nous faisons pénétrer grumiers et machines de chantier au plus profond de la forêt. Nous faisons fuir les animaux qu'ils ne peuvent plus chasser, nous modifions et détruisons leur environnement. Nous leur transmettons des maladies qu'ils ne peuvent pas soigner...etc.
Rien de nouveau sous le soleil, l'homo occidentalis continue de faire ce qu'il sait si bien faire partout ou il pose ses grand pieds. Coloniser en détruisant.
Mais au fond, quelle importance cela peut-il avoir? Ces groupes de population n'ont pas d'existence légale. Ces hommes et ces femmes ne sont recencés par aucune administration.
Et ils disparaîssent petit à petit, sans bruit, sans laisser de traces.